Le 26 février 2006, à Albons, un village du Nord de la Catalogne, une cinquantaine de personnes ont fauché un champ de maïs biologique contaminé et brûlé les quatre tonnes de maïs afin de protester contre la situation des paysans bio de Catalogne’’ [1]. Enric Navarro avait planté des semences de maïs certifiées bio il y a deux ans. Au moment de la récolte, l’organisme de certification de production biologique, le CCPAE (Consell Català de la Producció Agrària Ecològica) a analysé la récolte et aucune trace d’OGM n’a été décelée. L’année suivante, il a planté 3 300m2 de la même semence. Or, le 18 janvier, le CCPAE l’informait que son champ était contaminé par du maïs GM à hauteur de 12%. La production a été déclassée par le CCPAE, qui a offert à Enric de le vendre en maïs conventionnel. Ce dernier a refusé, ne souhaitant pas introduire du maïs contaminé dans la chaîne alimentaire. Il a alors décidé de détruire sa production et de rendre son cas public. En parallèle, une procédure légale contre le gouvernement a été engagée. La source de la contamination n’est pas encore connue, le site étant couvert de champs de maïs, dont 40% transgénique et soumis à un vent fort. Ce cultivateur estime ses pertes à, au minimum, 2000 euros, que personne ne va lui rembourser. L’agriculteur ne veut pas imputer la faute aux autres agriculteurs mais au Gouvernement Catalan.

Dans une lettre ouverte à Syngenta, 40 organisations indigènes et paysannes du Pérou, berceau génétique de la pomme de terre, ont demandé que cette entreprise abandonne publiquement son brevet (US Patent 6,700,039) sur la technologie Terminator pour contrôler les germes des pommes de terre, considérant que cette technologie menace directement plus de 3000 variétés de pommes de terre disponibles dans la région et mine les efforts pour réduire la pauvreté.

Le 31 mars au matin, un huissier de justice a signifié à Noël Mamère, député (Verts) de Gironde et maire de Bègles, la saisie-attribution conservatoire de ses comptes bancaires personnels et de celui de sa femme [2]. La société Pioneer Génétique réclame à Noël Mamère 63 000 euro de dommages et intérêts et 5 000 euro de frais de justice. Cette somme avait été accordée, le 15 novembre 2005, par la Cour d’appel de Toulouse. Les avocats s’étaient pourvus en cassation. “C’est contraire à la tradition judiciaire, tonne le député. Il faudrait attendre la décision de la Cour de cassation”. Pour Karine Affaton, responsable des relations publiques du semencier, “si nous avons agi de la sorte, ce n’est pas une question d’argent ni de politique, mais de principe”. Le député dispose d’un mois avant que ses comptes ne soient ponctionnés. Pragmatique, le semencier explique qu’il a visé Mamère dans un “souci d’efficacité”, parce qu’il paraît être “le plus solvable des huit condamnés”. Le semencier précise que les 63 000 euro seront intégralement reversés à un organisme qui soutient “des projets innovants en matière de pratiques agricoles”.
Un comité de soutien contre “la criminalisation de l’expression” a été créé.

Le projet de loi (cf. Inf’OGM n°72, A quelle sauce seront mangés les OGM ?) qui devrait passer à l’Assemblée nationale en juin, est vivement critiqué. D’une part la CLCV [3] (Consommation Logement et Cadre de Vie) réclame le “droit à une information fiable et loyale sur la présence d’OGM” et donc “la mise en place de filières réellement séparées, de l’amont à l’aval, leur garantira la possibilité d’un réel choix”. La CLVC rappelle que l’étiquetage repose in fine sur les autocontrôles réalisés par les opérateurs, “c’est pourquoi nous demandons que figure dans la loi l’obligation, pour les opérateurs de transport, de stockage et de transformation, de prévenir les contaminations”. D’autre part l’UNAF [4], qui défend les apiculteurs, dénonce notamment l’article 21 de ce projet de loi qui stipule que la coexistence sera fixée par arrêté du Ministre de l’Agriculture. Pour l’UNAF, c’est une abdication inadmissible du législateur. Plus précisément, l’UNAF considère que la mise en place de “zones tampons” entre cultures OGM et non OGM de 50 mètres est inconsistante car “l’aire de butinage de l’abeille est de 3 km au minimum autour de sa ruche !”. Enfin la filière “Agriculture biologique” [5] a demandé à l’Etat de l’indemniser du préjudice qu’elle subit, du fait du retard pris dans la transcription de la directive 2001/18. En effet, “l’absence d’information sur la localisation des parcelles OGM aggrave les risques de contamination des cultures mais aussi des semences biologiques”, explique le collectif, d’autant que le taux de contamination peut progresser très vite lorsque le paysan ressème une partie du grain qu’il a récolté.

Le 13 avril 2006, 80 militants de Greenpeace, de la Confédération paysanne et des Faucheurs volontaires ont investi un des sites de production de semences de Monsanto, situé à Trèbes (Aude). A l’issue de l’action, la direction du site a reconnu que des semences de maïs auraient bien été produites en France en 2005. Cette récolte aurait été écoulée en Espagne et réintroduite en France pour des semis en 2006. Fin 2005, le vice-président de Monsanto annonçait à ses actionnaires son intention de planter des milliers d’hectares de maïs OGM en France, mais aussi en Allemagne, où 1700 hectares risquent d’être plantés avec des semences provenant de Monsanto France. Le jour même, Greenpeace lançait ses “détectives des champs”, afin de savoir, en l’absence de registre public, où les PGM sont cultivés [6]..