Via Campesina et le Grupo de Reflexion Rural ont organisé une contre-conférence à la “conférence sur le soja durable”, organisée par WWF. Ils considèrent que cette conférence qui n’envisage pas la diminution de la production de soja, ne s’occupera pas des nombreux impacts de la monoculture industrielle du soja et servira de caution au “modèle soja”, délibérément non durable, pour l’Amérique du Sud (déforestation, perte de la biodiversité, etc.) et pour l’Europe : le soja sert à l’alimentation d’un bétail élevé de façon intensive. L’initiative du WWF est co-organisée notamment par André Maggi Group (producteur de soja), Coop Suisse et Unilever. Notons que le Président de WWF Argentine, Hector Laurence, est aussi président de l’Association Argentine de l’Agrobusiness (AIMA) et vice-président de Pioneer Overseas Corporation.

Le 9 février 2005, Swissaid a de nouveau dénoncé l’argument qui fait des OGM une solution à la faim dans le monde. Au contraire, cette association considère que les OGM rendront les paysans complètement dépendants des entreprises qui en font la promotion. Swissaid dénonce aussi la diffusion, parfois non désirée, des semences transgéniques, via l’aide alimentaire (Cf. brève suivante). Pour Swissaid, pour garantir la sécurité alimentaire, il faut agir en faveur d’une agriculture durable, basée sur le savoir-faire des paysans et adaptée aux conditions locales. Or, les OGM, “bras armé des politiques néolibérales”, selon B. Joerchel, de la Communauté des œuvres d’entraide, sont destinés à l’exportation et favorise une agriculture industrielle au détriment de la production vivrière. Ainsi, en Argentine, deuxième producteur d’OGM, “le pays exporte mais ne parvient plus à nourrir ses habitants ”. En même temps, toutes les rédactions suisses ont reçu un plaidoyer en faveur du génie génétique, signé EconomieSuisse, la fédération des entreprises suisses.

Après une campagne d’un mois, Syngenta a confirmé à ETC Group, le 11 février 2005, qu’elle retirait son brevet (WO03000904A2/3) sur la séquence d’ADN qui code pour la floraison du riz et qu’on retrouve dans une quarantaine d’espèces, du blé à la banane [1]. Dès le 8 février, Syngenta avait accepté de ne pas faire valoir son brevet dans les pays en développement. ETC Group précise que “l’entreprise détient encore de nombreux brevets comparables qui peuvent mettre en péril la sécurité alimentaire”. Contactés par ETC Group, l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle et l’Office Européen des Brevets (EPO) ont répondu qu’ils comprenaient les craintes exprimées mais qu’ils ne pouvaient malheureusement rien faire. De plus, les décisions prises par l’EPO ne sont pas automatiquement transmises aux bureaux des brevets en lien avec l’EPO, par le biais du Traité de Coopération sur les Brevets : pour qu’elle soit connue, la décision de rejet de l’EPO doit être volontairement communiquée par Syngenta à ces pays. Quant à la FAO et au Groupe Consultatif sur la Recherche Agricole Internationale (CGIAR), eux aussi interpellés par ETC Group, ils n’ont même pas répondu.

Suite à des analyses, effectuées par Genetic ID, l’Alliance centroaméricaine de protection de la biodiversité, composée d’une soixantaine d’ONG, a découvert qu’au Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica et République dominicaine, 80% du maïs et du soja étaient génétiquement modifiés (dont du maïs Starlink) [2]. Ces OGM ont été introduits par le biais de l’aide alimentaire. L’Alliance a demandé au Programme alimentaire mondial de ne plus distribuer d’OGM.

Le 24 février 2005, la Haute Cour de Prétoria a reconnu à Biowatch un droit Constitutionnel d’accès à l’information sur les OGM. Ainsi, les organes gouvernementaux en charge des OGM ont jusqu’à avril 2005 pour mettre à sa disposition les données relatives à l’évaluation des risques sur l’environnement et les animaux, à toutes les demandes en cours, aux méthodes et plans mis en œuvre pour la surveillance des OGM et aux mesures d’urgence en cas d’accident. Les agences gouvernementales doivent aussi rendre publics les dossiers concernant la participation du public et les compte-rendus des réunions du Conseil Exécutif pour les OGM et des comités consultatifs. Par ailleurs, si les autorités compétentes refusent de délivrer certaines informations, au nom de la confidentialité ou du secret commercial, elles doivent fournir leurs raisons par écrit. En revanche, le juge a refusé à Biowatch le droit de connaître les coordonnées exactes des lieux d’implantation des OGM, expérimentaux ou commerciaux. Enfin, le juge a ordonné à Biowatch de rembourser les dépenses liées au procès de Monsanto.

GeneEthics a publié la localisation des quatre sites cultivés avec du colza génétiquement modifié vendu par Bayer, dans l’Etat de Victoria. “Le département des Industries Primaires nous a donné ces localisations quand notre requête pour la Liberté d’Information (Freedom of Information challenge) allait passer en appel au Tribunal Administratif Civil de Victoria”, a déclaré le directeur de GeneEthics. Et de continuer en demandant au Ministre de l’Agriculture, “un moratoire permament sur les cultures transgéniques à cause des risques économiques, sociaux et juridiques qu’elles font peser sur les cultures biologiques [et] la production de miel”.