Forum Social Mondial - Du 19 au 23 janvier, à Bamako, s’est déroulé l’un des trois Forums Sociaux Mondiaux (FSM) décentralisés. Ce fut l’occasion pour de nombreux activistes africains de condamner les essais de coton Bt menés par le Burkina Faso et de demander des recherches publiques et une bonne information du public et des décideurs. “Nous ne sommes pas contre la science et nous sommes d’accord pour la recherche, mais il faut savoir comment la faire”, a affirmé Ndiogou Fall (Réseau des Organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest). Il propose donc un moratoire de 10 ans sur les OGM et que la recherche ne franchisse pas les portes des laboratoires pour les champs sans précaution. Autre question, l’indépendance de la recherche. Pour les participants, il faut diversifier les partenaires pour éviter la mise sous tutelle des instituts de recherche. Ils proposent de confier la recherche sur les OGM à l’État. Pour Jean Coulibaly, président de l’Association des organisations professionnelles paysannes (Mali) : “Si on pouvait produire la semence des OGM dans nos stations avec nos chercheurs, là on serait d’accord. Mais le fait d’être dépendants des autres, jamais !” Enfin, les participants souhaitent l’adoption d’une réglementation contraignante par les institutions régionales telle la Communauté Economique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et mettre en place un observatoire régional.

Jury citoyen - Du 25 au 30 janvier 2006 s’est tenu à Sikasso, un jury populaire, appelé “Espace citoyen d’interpellation démocratique”, consacré aux OGM [1]. Le verdict dit en substance : “Oui à la semence traditionnelle, non aux OGM”. Quatorze experts venus du monde entier ont présenté les enjeux, avantages et inconvénients des OGM, puis les producteurs, une cinquantaine dont une dizaine de femmes, ont été repartis en commissions pour délibérer. Après 48 heures de débats, le verdict citoyen [2] est tombé et à l’unanimité et au nom de tous les producteurs du Mali, les participants ont rejeté l’introduction des OGM dans l’agriculture et ont mis en garde le gouvernement contre tout agissement contraire à leur volonté. Parmi les organisateurs, on trouve des officiels (l’Assemblée régionale de Sikasso, les conseils de cercle et les services techniques d’agriculture), le Centre Djoliba, des organisations de la société civile et, au niveau international, l’Institut International pour l’environnement (Londres) et le Réseau interdisciplinaire biosécurité (Genève). Les conclusions feront l’objet de restitutions dans les villages de la région. Parmi les experts invités, Monsanto a envoyé M. Buthelezi, producteur sud-africain de coton Bt, mais ses arguments n’ont pas convaincu les producteurs qui insistent plus sur les inconvénients des PGM que sur les avantages minimes.

La Commission européenne a lancé une consultation publique [3] le 16 janvier, invitant toutes les parties intéressées, l’industrie comme les particuliers, à envoyer leur avis sur le futur marché unique pour les brevets. La consultation porte sur trois thèmes majeurs : le brevet communautaire ; la manière d’améliorer l’actuel système des brevets en Europe et les domaines dans lesquels une harmonisation est possible. La consultation est ouverte jusqu’au 31 mars 2006.

Des experts du Centre pour les Initiatives de Développement (CDI), membre d’un réseau africain de protection de la biodiversité, ont de nouveau exprimé ouvertement leurs inquiétudes quant à la disparition des semences paysannes et indigènes si l’Ouganda faisait le choix d’adopter les PGM [4]. Bridget Nabikolo, coordinatrice du CDI, a déclaré que les semences GM, brevetées, sont plus chères et doivent être rachetées chaque année. Elle précise aussi que cultiver des PGM augmente la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des entreprises semencières, ce qui, à terme, fera perdre aux paysans ougandais leur pratique traditionnelle. Par ailleurs, dans une lettre ouverte au Ministre britannique, le CDI avec d’autres ONG africaines insistent pour que le moratoire sur Terminator ne soit pas levé (cf. article CDB - Moratoire sur Terminator) [5].

La coordination “Aquitaine Avenir sans OGM” a été créée le 6 février 2006. Elle a prévu d’écrire aux parlementaires aquitains pour leur demander que la prochaine loi sur les OGM soit une loi de protection renforcée contre les OGM et non une loi de légalisation de la pollution. Elle organisera, à Mont de Marsan, une journée de mobilisation régionale le 8 avril dans le cadre de la journée internationale contre les OGM. 

Alors que le Projet Agricole Drômois (PAD) était présenté le 9 février au Conseil Général, 400 personnes ont répondu à l’appel d’Agribio-drôme et du collectif anti-OGM pour demander l’inscription d’un moratoire sur les OGM dans ce plan agricole départemental et dénoncer le projet de loi sur les OGM adopté en Conseil des Ministres (cf. dossier) [6]. Agribiodrôme attend que le Conseil Général ne finance aucune mesure, action ou organisme en faveur des PGM et s’assure que tout financement qu’il accorde ne soit pas utilisé au développement des PGM en plein champ. L’appel a été lancé suite au refus de la chambre d’agriculture d’inscrire un moratoire sur les PGM dans le cadre du PAD. Au cours de la manifestation, le Président du Conseil Général a réaffirmé le vœu formulé en 2005 contre les cultures de PGM.