21 scientifiques d’Amérique et d’Europe se sont réunis, à l’Université de Californie - Berkeley, pour étudier l’impact écologique des OGM. Pour eux, la commercialisation précipitée des OGM est injustifiée d’un point de vue environnemental. Les plantes tolérantes au RoundUp ou les variétés Bt « ne sont pas nécessaires pour résoudre le problème qu’elles sont censées résoudre. Pire, elles tendent à réduire les choix des agriculteurs pour traiter les insectes nuisibles ». L’agriculture transgénique renforçant la dérive monoculturale prive les agriculteurs d’un certain nombre de moyens efficaces contre les envahisseurs.

Aux Etats-Unis, une campagne, intitulée : Gardons la nature naturelle (Keep Nature Natural), a été lancée par les lauréats du plus important prix de cuisine : the James Beard Foundation’s Chef of the Year Award. Ils demandent que la FDA impose un étiquetage des OGM et que des règlements plus stricts concernant l’environnement et la santé soient mis en place.

Le dimanche 7 mai, dans le cadre du Festival de résistance aux OGM, deux cents personnes ont ouvertement et pacifiquement interrompu la dissémination volontaire des plants de colza et de maïs transgéniques, cultivés par Monsanto sur son site de Franc-Waret (région namuroise). Les manifestants notaient qu’aucune firme n’a obtenu d’autorisation pour leurs « tests » pour l’année 2000, étant donné que personne ne respecte les dispositions légales. Dans un tel contexte, quel crédit accorder au suivi des moindres mesures de « précaution » ? Ainsi, l’un des objectifs est qu’un meilleur encadrement institutionnel des « essais » d’OGM soit mis en place.

Le 20 avril, la Confédération Paysanne 44, Greenpeace, le Réseau Agriculture Durable, les Verts 44 et ATTAC 44 accueillaient, par un baptême symbolique sur le port de Montoir, le premier cargo de soja non transgénique brésilien. Cette filière mise en place par Carrefour est destinée à l’alimentation animale. Le secteur de l’alimentation animale concerne en effet l’essentiel du marché des OGM. Or, le règlement sur l’étiquetage ne prend pas en compte l’alimentation animale, ni les produits dérivés (lait, oeufs, charcuterie.). Les organisateurs refusent une alimentation à deux vitesses et pensent que les filières séparées doivent être assumées par ceux qui ont introduit les OGM.

Pour la CGT-INRA, cette action, alors "que les recherches menées allaient dans le sens d’une meilleure compréhension [...] des effets possibles des cultures transgéniques sur l’environnement", est un acte de "vandalisme". Cependant, pour que la recherche puisse répondre à l’inquiétude des citoyens, la CGT rappelle qu’une "condition impérative est celle de l’indépendance de la recherche publique, tant en termes de statuts de ses personnels qu’en termes financiers, garantissant la prise en compte des intérêts de toute la population et non ceux d’une minorité intéressée par les profits liés à l’agro-alimentaire. Or, on doit constater que c’est la voie inverse qui tend à être imposée aujourd’hui par le gouvernement". Ainsi, ce communiqué conclut que si "l’obscurantisme qui conduit à détruire des recherches est condamnable, (...) le terreau qui lui permet de se développer l’est tout autant !".(1)
Pour la CFDT, “c’est le type même d’expérimentations indispensables, après une première phase d’essais en serre, pour étayer le principe de précaution concernant les OGM et l’environnement. Ce ne sont pas les OGM qui sont visés, c’est le principe même de l’acquisition de connaissances objectives. [...] Compte tenu des enjeux alimentaires pour les pays en difficulté, la CFDT se refuse à condamner dans l’absolu l’utilisation des OGM sans ces éléments de connaissance”. (2)

Suite à une “récolte préventive” de maïs transgénique le 26 juillet 1999 à Lyng (Norfolk), 28 militants de Greenpeace comparaissaient devant le tribunal de Norwich, le 19 avril 2000, accusés de vol (rapidement écarté) et de dommage criminel. La défense s’est appuyée sur le Criminal Damage Act de 1971 pour rejeter la deuxième accusation : selon cette loi, il est possible d’endommager une propriété si c’est dans le but de prévenir un dommage sur une autre propriété. Or, cette destruction devait éviter que le pollen transgénique ne contamine les champs voisins. Finalement, le jury s’est déclaré incompétent. Le Procureur a cependant décidé de poursuivre le procès.

Philippines : Le KMP, un syndicat paysan, ne veut pas de l’aide alimentaire internationale. Plusieurs firmes agro-alimentaires, comme Cargill ou Archer Daniels Midland, ont obtenu des contrats avec le Programme Mondial contre la Faim de l’ONU et avec l’Agence américaine pour le Développement International afin de pouvoir écouler les OGM que les européens ne veulent pas.