Dans le cadre du débat national sur les OGM, l’Agence pour les normes alimentaires (FSA) a organisé début avril « un procès des OGM » (cf. Inf’OGM n°40) : un jury populaire devait, après avoir écouté et questionné pendant trois jours les différents acteurs engagés dans ce débat, se prononcer sur l’autorisation ou non de la vente des OGM. Ils ont également eu un exposé du Professeur K. Sykes de l’Université de Bristol sur les risques. Au final, la majorité des jurés (9 sur 15) estime que la nourriture OGM peut être commercialisée pour deux raisons, du fait de la confiance dans les mesures de sécurité existantes et de la possibilité qu’une telle interdiction fasse que le Royaume-Uni prenne du retard sur cette technologie. Cependant, les 15 jurés ont estimé que plusieurs mesures devaient être prises au préalable afin d’assurer l’information du public sur les développements et les problèmes potentiels liés aux OGM ainsi que la possibilité de choisir (entre OGM, non OGM, et biologique). Les jurés demandent aussi que soient étudiés les problèmes éthiques liés à l’introduction de gènes animaux chez les plantes et inversement, ainsi que les risques de pollinisation croisée qui pourraient diminuer le choix. Il était possible de suivre ce « procès » en direct sur le site Internet de la FSA et les débats seront disponibles pendant 6 mois.
Alors que le premier essai en champ de maïs transgénique produisant des molécules thérapeutiques est sur le point d’être ensemencé dans le nord du Colorado, trente six fermes et des écologistes ont demandé au gouverneur de l’Etat du Colorado, B. Owens, de décider d’un moratoire sur la moléculture jusqu’à ce que son innocuité soit démontrée. Le gouverneur n’a jusqu’à présent fait aucun commentaire et a décliné de rencontrer les opposants. Le porte-parole du Département à l’Agriculture de l’Etat a précisé qu’il avait trente jours pour analyser la demande de Meristem Therapeutics concernant un essai de 15 hectares. Il a aussi précisé que le Département Fédéral à l’Agriculture avait au préalable donné son accord à cet essai. Précédemment, dans le Nebraska et l’Iowa où diverses formes de contaminations ont été découvertes, l’administration fédérale avait ordonné la destruction ou l’incinération des plants. L’USDA requiert une distance de sécurité entre un champ de moléculture et un champ conventionnel de 1,6 km, distance que les opposants jugent incapable de garantir l’absence de pollinisation.
Suite à la consultation du Ministère de l’agriculture (cf. Inf’OGM n°42) et aux critiques formulées notamment par Inf’OGM, le ministère a répondu que grâce aux « commentaires qui nous ont été adressés, notre dispositif de consultation sera amélioré afin de répondre encore davantage aux objectifs d’information et de transparence ». Le Ministère précise aussi que « la recherche doit en effet se poursuivre. [...] Cette recherche est d’autant plus nécessaire que la compétition scientifique internationale et les enjeux économiques sont considérables. Par ailleurs, la recherche en milieu confiné a des limites car elle ne permet pas de reconstituer [...] les conditions d’une culture de plein champ. [...] Les OGM sont désormais cultivés sur des surfaces significatives dans différents pays tiers et nous ne pouvons l’ignorer ; aucun effet négatif sur la santé publique et l’environnement n’a, à ce jour, été mis en évidence. Pour autant, des incertitudes scientifiques demeurent. C’est pourquoi le Ministre est très attaché à ce que la recherche puisse se poursuivre dans ce domaine afin d’améliorer la connaissance ».
Dimanche 23 juin, à 6h10, la police est venu chercher José Bové à son domicile pour le conduire en prison, suite à sa condamnation pour arrachage de plantes transgéniques (cf. Inf’OGM 39). Aussistôt, des myriades d’associations dont ATTAC et de syndicats dont le Syndicat de la Magistrature, ont dénoncé cette arrestation, estimant que l’action de Bové, certes illégale, est légitime. Au préalable, une centaine de personnalités (issues du show-business, du monde syndical, des formations politiques de gauche et des médias) avaient signé un texte demandant la grâce de Bové (Le Monde, 5 juin 2003).
Les Amis de la Terre réagissent à la plainte des Etats-Unis devant l’OMC (cf. page 2) et accusent les Américains de vouloir à l’aide « des procédures secrètes, biaisées et non démocratiques de l’OMC détruire au bulldozer les tentatives d’autres pays de fixer des normes environnementales, sociales et sanitaires minimales ». Cette association propose sur son site une cyberpétition à envoyer, par mail, aux ambassades des Etats-Unis dénonçant la plainte américaine : « L’Europe développe actuellement des lois qui permettent aux consommateurs d’exprimer leur choix, chose que le gouvernement américain n’a pas proposé à ses citoyens. En remettant en cause ce droit de choisir auprès de l’OMC, votre gouvernement envoie un message fort aux citoyens européens : les Etats-Unis ne respectent ni notre démocratie, ni nos libertés ».