A Toronto, Greenpeace continue sa campagne auprès de Loblaws, la plus grande chaîne alimentaire du Canada, pour un étiquetage obligatoire des OGM. Devant un de ses magasins, à Toronto, des militants de Greenpeace ont suspendu une banderole de 30 mètres carrés : “Loblaws, Allan Rock : l’étiquetage obligatoire des OGM dès maintenant”. Cette manifestation survient une semaine après que le ministre de la Santé, Allan Rock, a fait une autre volte-face en étant absent lors du vote pour l’étiquetage obligatoire des OGM, le 17 octobre dernier, vote qui a enterré le projet de loi sur l’étiquetage. Allan Rock s’était pourtant prononcé en faveur de cet étiquetage.
Fin octobre, des citoyens américains de 11 villes ont envahi les allées des épiceries, et ont posé des étiquettes sur tous les produits susceptibles de contenir des OGM pour montrer leur mécontentement envers un gouvernement qui refuse l’étiquetage. Ils ont lancé un nouveau mouvement le Citizen’s Labeling Brigade (la brigade citoyenne d’étiquetage).
Christian Jacob, député RPR de Seine-et-Marne, a dévoilé quelles pourraient être les grandes lignes du futur programme de son parti. Le RPR souhaite “garantir la sécurité alimentaire pour tous et développer l’accès aux produits de qualité” ou encore “promouvoir une agriculture écologiquement responsable”. Il se montre cependant favorable à la poursuite des essais d’OGM en plein champ, et souhaite également le lancement d’un grand plan en faveur de la production de protéines.
Lors du Congrès de l’Association des Producteurs de Maïs (AGPM), le Président de la FNSEA a évoqué la “poignée d’excités”, les “croisés de l’anti-tout”, qui ont arraché des champs d’OGM cet été. Pour lui, ces destructions “compromettent nos espoirs d’en savoir bientôt plus sur les plantes transgéniques, et notamment sur leurs risques éventuels pour l’environnement et les pratiques agricoles”. Elles lui apparaissent aussi inacceptables car “entraver la recherche aujourd’hui, c’est se priver de ce potentiel d’innovation. C’est forcer nos laboratoires - publics et privés - à se délocaliser”. Gustave Stahl, de l’association France Nature Environnement (FNE), rappelle cependant qu’en 2001, sur 108 essais, 13 seulement étudient les risques des OGM. FNE précise aussi que les essais sont saupoudrés sur le territoire : 31 parcelles différentes pour une seule variété de Monsanto (Maïs Ga21), avec pour effet d’augmenter les contaminations. D’ailleurs, FNE demande que les cultivateurs de non OGM sachent s’il y a des OGM à moins de 5 km de leurs champs.
Extraits de l’intervention de Jean-Michel LEMÉTAYER, FNSEA
Le député Prospero Pichay a proposé, fin août, un projet de loi (House Bill n°1376) qui interdirait pour 5 ans l’importation, la vente, l’expérimentation des OGM. Le 29 août, 800 personnes (agriculteurs, responsables ecclésiastiques, étudiants, membres d’ONG et des indiens Lumads), ont fauché un champ de culture expérimentale de maïs Bt de 1700 m2 appartenant à Monsanto Agroseed, à Mindanao. Depuis, une coalition a été créée sous le nom de RESIST (Resistance and Solidarity Against Agrochemical TNCs).
Le 28 août 2001, dans le Gers, 137 personnes avaient détruit une parcelle expérimentale de maïs OGM appartenant à Monsanto. La liste des manifestants avait été déposée à la gendarmerie pour revendiquer leur acte. Trois militants (la présidente du Groupement des Agriculteurs bio du Gers, le secrétaire de l’association ATTAC 32 et le secrétaire national de la Confédération Paysanne) ont été poursuivis en justice et ont été condamnés, le 25 octobre 2001, à 3000 FRF d’amende avec sursis et 1 FRF symbolique pour Monsanto. Dans le prétoire, les débats se sont concentrés sur les circonstances qui ont conduit les trois prévenus devant la justice. Ainsi, plusieurs témoins de la défense ont insisté sur le fait que l’agriculture biologique était directement menacée par les OGM et la FNAB a soutenu “le droit à produire sans OGM”. Dehors, 400 sympathisants, selon la police, ont participé à des festivités ou des débats publics sur la culture transgénique.
7 personnes, dont 4 agriculteurs de la Confédération Paysanne, ont été mises en examen pour “destruction de récolte appartenant à autrui”, suite à une plainte du Centre d’étude technique interprofessionnel des oléagineux métropolitains (CETIOM). Le 13 avril 2000, 300 personnes avaient en effet participé au fauchage de 2 hectares de colza transgénique, à Gaudiès (Ariège).
Le 26 octobre, 10 personnes (dont 4 de la Confédération Paysanne et 2 adhérents d’ATTAC Drôme) ayant participé au fauchage de cultures OGM dans la Drôme, ont été convoquées devant la chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Valence sur citation directe avec constitution de partie civile de la société Biogemma, filiale du semencier Limagrain. C’est la première fois que le parquet (représentant l’intérêt public) ne prend pas l’initiative des poursuites. Cette manière de procéder dispense d’instruction. Le président du tribunal peut décider de statuer sans autres pièces que les accusations portées par Biogemma et le rapport d’enquête de “flagrant délit” de la gendarmerie. Le procès a finalement été reporté au 15 janvier 2002
Le 30 octobre a eu lieu le procès en appel à Toulouse de la Confédération Paysanne et de l’un de ses anciens secrétaires nationaux impliqué dans la destruction de parcelles appartenant à Monsanto, en septembre 1998 à Monbéqui (Tarn et Garonne). En première instance (mai 2000), Monsanto a obtenu 1,3 millions de FRF de dommages et intérêts à la Confédération Paysanne. Me Marie-Christine Etelin, avocate du syndicat, a contesté la validité de la procédure intentée par la firme : l’accusation qui ne s’appuie que sur des coupures de presse n’apporte pas la preuve de l’implication directe du syndicat dans la destruction. La cour d’appel rendra son arrêt le 4 décembre 2001.
Le 22 novembre a eu lieu le procès en appel à Montpellier de trois responsables de la Confédération Paysanne, suite à la destruction de riz OGM dans les laboratoires du CIRAD. L’avocat général a requis huit mois de prison ferme pour José Bové, six pour René Riesel et une peine “plus atténuée” pour Dominique Soulier, dont le casier judiciaire est vierge. Le délibéré a été mis au 20 décembre.