Une douzaine d’habitants de la région de Munlochy (Black Isle) se sont rendus sur la ferme de Jamie Grants Roskill, où Aventis devait ensemencer une parcelle expérimentale de colza transgénique. Lorsque le tracteur a commencé à semer, ils se sont interposés. Le lendemain, les opposants à cet essai étaient encore plus nombreux. Parmi eux, une dizaine a été arrêtée. Cependant, une vigilance citoyenne a été organisée à proximité du champ. Le propriétaire du champ a essayé de les écarter, mais le Conseil des Highlands a estimé que cette protestation pacifique ne pouvait en rien être contestée. Le comité de vigilance organise aussi des prélèvements, notamment dans les eaux de la baie de Munlochy.
Eric Seifert, agriculteur biologique et avocat en droit civil et environnemental à New York, a consacré l’ensemble de son activité au génie génétique, au droit de propriété intellectuelle et au droit des agriculteurs. C’est pourquoi, de par sa position (et en toute connaissance de cause), il a décidé de soutenir les agriculteurs contaminés par du pollen transgénique en procès contre les firmes productrices d’OGM.
Le procès qui oppose la Confédération Paysanne au CIRAD (cf. Inf’OGM 26, FRANCE - Procès pour destruction du riz du CIRAD) est l’occasion de prise de position de la part de nombreuses personnalités. Après les “académiciens des sciences” qui ont soutenu le CIRAD, une centaine de personnalités (dont les comédiens Marc Jolivet et Dieudonné, la présidente du Syndicat de la magistrature, Evelyne Sire-Marin, etc… ) ont apporté un soutien clair aux inculpés et en réclament la relaxe. Evelyne Sire-Martin a affirmé que l’action des syndicalistes de la Confédération Paysanne n’a fait que “répondre à un état de nécessité” et elle dénonce aussi “une justice qui n’est pas neutre”.
CHILI - Les agriculteurs biologiques viennent de gagner une bataille en matière de transparence. En effet, le 4 janvier 2002, la cour de Santiago a ordonné au service chilien de l’Elevage et de l’Agriculture (Servicio Agricola y Ganadero, SAG) de révéler les informations concernant la localisation et les propriétaires des essais en champs d’OGM. Ce procès avait été intenté le 27 juillet 2001, après que les responsables du SAG aient refusé, le 13 décembre 2000, de répondre positivement à cette demande, formulée par Maria Isabel Manzur, de l’association de défense des agriculteurs biologiques “Tierra Viva”, en octobre 1999. L’un des arguments utilisé dans ce procès est la menace directe que représentent ces essais pour les agriculteurs biologiques. Les plaignants ont aussi demandé et obtenu que le SAG rende publiques les données qu’il a acquises grâce à ces essais. Le SAG a d’ores et déjà fait appel. La loi chilienne (résolution du SAG n°1927 de 1993) autorise l’entrée de certaines semences transgéniques dans le pays pour la reproduction et l’exportation.
L’Association “Alliance for Bio-Integrity” [1] a décortiqué le rapport de la Commission Royale sur les Modifications Génétiques et dénonce sa partialité. Elle a pointé ses lacunes, particulièrement flagrantes en ce qui concerne les questions de sécurité alimentaire. Cette section est en effet “inexacte” et partiale mettant en avant les aspects avantageux des biotechnologies, et écartant ou atténuant les problèmes et questions plus délicats. Par exemple, le rapport explique que les déformations gastro-intestinales des rats nourris avec des pommes de terre transgéniques, observées par le Dr Pusztai, étaient liées à la crudité des pommes de terre et non pas à leur transgénicité. Or, le Dr. Pusztai a testé les pommes de terre, crues et cuites. D’autre part, on peut lire dans ce rapport que les “expériences menées par les chercheurs chinois, en tout point similaires à celles décrites par le Dr. Pusztai, n’ont pas produit les mêmes résultats”. Or, ce dernier avait questionné les autres chercheurs pour savoir si son étude avait été refaite et avait déclaré que personne n’avait entrepris une telle démarche. Et aucune publication ne mentionne lesdites recherches chinoises et le rapport ne fournit aucune référence précise.
Le procureur a requis de “courtes peines de prison assorties de sursis, ainsi que des amendes allant de 225 à 300 euro”, à l’encontre des dix militants jugés, à Valence, le 15 janvier, pour “destructions de biens en réunion”, à savoir une parcelle expérimentale de maïs transgénique appartenant à Biogemma (cf. Inf’OGM 23). Le jugement a été mis en délibéré au 8 février. A l’extérieur du tribunal, plus de 1500 manifestants étaient venus soutenir les inculpés et trois forums très suivis ont été organisés. "Il n’appartient pas au tribunal de trancher la controverse des OGM", a conclu le Procureur, mais de "sanctionner les méthodes". "La seule finalité des multinationales est le bénéfice", a déclaré Albert Jacquard, chercheur en génétique, "les pouvoirs publics n’ont pas l’air inquiet, il faut donc que certains attirent l’attention, quitte à se mettre dans l’illégalité".
Le 20 décembre 2001, José Bové a été condamné par la cour d’appel de Montpellier à six mois de prison ferme dans le procès qui l’oppose au CIRAD. Cette condamnation a entraîné la révocation d’un sursis prononcé à Agen pour d’autres destructions d’OGM. La peine de José Bové dans ce second dossier s’est donc transformée en huit mois de prison ferme. C’est à la suite de cette information qu’une pétition a été mise en ligne sur Internet par les promoteurs des biotech qui réclament le maintien ferme de José Bové, “activiste vétéran et promoteur de violence”, en prison. Par ailleurs, le 23 janvier, le parquet général de la Cour de cassation a requis la confirmation de la condamnation de trois mois de prison ferme prononcée en mars dernier contre José Bové pour des "dégradations d’un bien d’autrui en réunion" lors de l’action à l’encontre du Mc Donald’s en construction à Millau (Aveyron) en 1999. Mais l’arrêt de la Cour a été mis en délibéré au 6 février prochain.