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Viêt Nam – OGM : quatre maïs autorisés à la culture en 2014 et 2015

Par Eric MEUNIER

Publié le 01/04/2015

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Le petit club des pays qui cultivent des plantes transgéniques est sur le point d’accueillir un nouveau membre : le Viêt Nam. Le 27 août 2014, le ministère vietnamien de l’Environnement autorisait le maïs MON89034 de Dekalb (une filiale de Monsanto), le 3 novembre 2014, deux autres maïs, GA21(Syngenta) et NK603 (Dekalb), complétaient ce tableau [1]. Enfin, en mars 2015, la culture commerciale du maïs Bt11*Ga21 (Syngenta) [2].

Trois maïs sont encore en attente d’autorisation pour la mise en culture : TC1507 (Pioneer), Mir162 (Syngenta) et Bt11 (Syngenta). En parallèle de ces autorisations, le ministère a demandé aux entreprises de surveiller et rendre compte des lieux de mise en culture de ces plantes transgéniques (période, lieu et quantité) [3]. Mais à ce stade, on ne sait pas si ces informations seront rendues publiques. Ces autorisations à la culture interviennent après que le ministère de l’Agriculture eut autorisé quatre de ces maïs pour l’importation (MON89034, NK603, Bt11 et MIR162) le 11 août 2014. C’est donc une véritable avalanche d’autorisations que ce pays asiatique vient de connaître.

Ces plantes génétiquement modifiées (PGM) avaient été testées au préalable en champ au Viêt Nam. Selon le directeur de l’Institut de génétique agricole, Le Huy Ham, ces premières autorisations pourraient ouvrir la voie pour des cultures d’OGM de masse au Viêt Nam [4]. Mais, comme partout dans le monde, ces PGM ne font pas l’unanimité.

Vente de semences Delkalb, Syngenta au marché de Bac Ha, Viêt-nam
Vente de semences Delkalb, Syngenta au marché de Bac Ha, Viêt-nam
Crédits : Martin Poize et Pauline Verrière
Vente de Niphosate au marché de Bac Ha, Viêt-nam
Vente de Niphosate au marché de Bac Ha, Viêt-nam
Crédits : Martin Poize et Pauline Verrière

Ainsi, le Dr. Tran Hong Uy, ancien directeur de l’Institut de recherche sur le maïs, qui dépend du ministère de l’Agriculture, considère que ce serait une erreur d’importer des semences transgéniques, leurs rendements n’étant pas supérieurs à ceux des variétés vietnamiennes [5] et que « développer les cultures d’OGM rendra les agriculteurs vietnamiens dépendants des semenciers étrangers ». Même son de cloche chez le Dr. Tran Dinh Long, responsable de l’association vietnamienne des semences de plantes qui souligne que les variétés transgéniques n’ont pas un rendement meilleur en cas de sécheresse [6].

Mais cette opposition aux OGM est plus large. Selon le média Vietnamnet, des « agences gouvernementales » avaient donné leur avis favorable à ce qu’un moratoire sur les OGM dans l’alimentation soit adopté dans le cadre des discussions à l’Assemblée Nationale sur la révision de la loi d’investissement [7]. Mais le ministre du plan et de l’investissement, Dang Huy Dong, s’était prononcé contre, en déclarant, en septembre 2014, « nous allons interdire les animaux GM mais autoriser la culture d’OGM » [8]. Finalement, le 26 novembre, les députés n’ont pas donné suite à la position du ministre et n’ont pas inscrit les animaux GM sur la liste des activités commerciales interdites établie dans la loi vietnamienne sur l’investissement [9]. Olivier Massmann, du cabinet d’avocats Duane Morris qui a suivi de près les discussions du parlement, précisait à Inf’OGM que la question des animaux GM « sera abordée via les décrets d’application de la loi qui devraient être adoptés dans les mois à venir ». Aujourd’hui, si la loi ne les exclut pas explicitement, l’absence de législation vietnamienne sur les animaux GM implique qu’aucun projet de développement d’animaux GM ne peut avoir lieu. En conséquence, le 23 décembre 2014, le ministre de l’Agriculture a demandé l’arrêt d’un projet de recherche sur des vers à soie GM, arguant que « le Vietnam doit encore adopter une loi sur la production d’animaux GM. Aucun texte législatif ne permet d’évaluer les impacts des animaux GM sur l’environnement et la biodiversité » [10].

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