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UE – Les détaillants se mobilisent pour défendre le soja « sans OGM »

Par Christophe NOISETTE

Publié le 10/05/2013

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A l’initiative des supermarchés allemands REWE, certains détaillants, supermarchés ou réseaux, de cinq pays européens [1] ont élaboré une déclaration conjointe pour défendre les exportations de soja brésilien « non OGM ».

La déclaration s’inscrit dans un contexte particulier, décrit en préambule de cette pétition : la possibilité légale offerte dans plusieurs États membres de l’UE d’étiqueter des produits issus d’animaux nourris sans OGM, la diminution depuis 2005 – date de l’autorisation officielle du soja GM au Brésil – de la part du soja « sans OGM » par rapport au soja GM, l’explosion de la demande chinoise en soja indifféremment de sa nature, « la logistique et le stockage séparés [qui] constituent parfois des facteurs restrictifs pour une chaîne d’approvisionnement sans OGM distincte » et enfin, « le fait que les acheteurs étrangers, et notamment européens, payent des primes significatives en plus du prix du marché pour les fèves et les tourteaux de soja afin que ces produits soient certifiés « sans OGM »« .

Ainsi, les signataires de cette déclaration ont souhaité non seulement souligner « leur soutien complet envers la poursuite, et même l’expansion, de la production de soja sans OGM au Brésil en vue [d’offrir aux européens] la possibilité d’exercer leur droit à la souveraineté alimentaire individuelle«  [2], mais surtout faire « appel à toutes les parties intéressées et impliquées à quelque titre que ce soit dans la production de soja sans OGM au Brésil – y compris la production de semences, la culture, le stockage et la transformation – ainsi que dans le transport et l’exportation de plants, de semences, de fèves et de tourteaux de soja » afin qu’elles soutiennent des mesures fortes pour développer la filière sans OGM brésilienne.

Six mesures sont ainsi proposées par les signataires : « assurer une disponibilité étendue de fèves de soja conventionnelles, c’est-à-dire sans OGM », « développer un environnement juridique et commercial fortement favorable à la production de soja conventionnel, sans OGM », « s’assurer que les primes touchées sur les marchés internationaux pour les produits sans OGM sont réparties équitablement entre tous les participants de la chaîne d’approvisionnement, y compris les agriculteurs brésiliens », « favoriser la mise à disposition de systèmes de stockage séparés et des systèmes [d’indications géographiques, IP] nécessaires », « promouvoir une logistique séparée pour le transport de produits sans OGM vers les ports d’exportation » et, « agrandir les zones de stockage et de transbordement séparées au sein des installations portuaires afin de pouvoir traiter les volumes nécessaires pour répondre à la demande en soja certifié « sans OGM » en Europe ».

Ce plaidoyer intervient à un moment où la bataille du « sans OGM » est à son paroxysme, avec la décision des supermarchés britanniques d’abandonner leur politique plus que décennale en faveur des poulets nourris sans OGM. Les arguments mis en avant évoquent des difficultés d’approvisionnement. La déclaration rejoint l’analyse proposée par Inf’OGM [3] : il existe du soja non OGM au Brésil en quantité suffisante, mais un manque de volonté notoire, notamment des entreprises multinationales en charge du négoce et du transport international, n’a pas permis de sécuriser des filières « sans OGM ».

[1Colruyt (Belgique), DVT, Edeka, Kaiser’s Tengelmann, Kaufland, Lidl, Netto Marken-Discount, Rewe et Tegut (Allemagne), le réseau Suisse pour le soja (qui regroupe notamment Migros, Coop), Sonae (Portugal), Spar (Autriche). Curieusement, le groupe Carrefour n’a pas signé ce texte.

[2Inf’OGM rappelle que la France et l’UE sont actuellement dépendantes des importations de soja pour nourrir leur bétail. Cette situation pourrait changer si les États s’engageaient concrètement dans des filières endogènes de protéines végétales, comme le pois, le lupin, le trèfle, la luzerne, etc.

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