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OGM et pesticides dans le sang : la polémique scientifique

Par Eric MEUNIER

Publié le 15/06/2011

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En avril 2011, Inf’OGM faisait part [1] des résultats de l’étude de Aris et al. montrant la présence de pesticides et de leurs résidus (herbicides à base de glyphosate ou de glufosinate et de protéines insecticides Cry1Ab) dans le sang de femmes, dont certaines enceintes. La publication de ces résultats a depuis soulevé plusieurs interrogations critiques quant au travail effectué et aux conclusions avancées par les chercheurs. Bien qu’aucune de ces critiques n’ait encore fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique à comité de lecture, Inf’OGM en fait état pour illustrer les discussions qui existent au sein de la communauté scientifique.

L’Agence alimentaire d’Australie et de Nouvelle-Zélande (FSANZ) a ainsi publié sur son site Internet une réponse à cet article [2]. Selon cette agence, deux points principaux sont critiquables. Le premier concerne la méthode utilisée pour détecter la protéine Cry1Ab, la méthode ELISA. L’agence écrit notamment que cette méthode n’a pas été « testée pour sa capacité à mesurer Cry1Ab dans le sang humain ». Elle précise que d’autres études ont montré que la méthode ELISA ne convient pas pour ce travail. La seconde critique porte sur l’hypothèse faite par les auteurs de l’article que les aliments GM présents dans l’alimentation quotidienne seraient à l’origine de la protéine Cry1Ab retrouvée. L’agence australo-néozélandaise considère que rien ne permet d’étayer une telle hypothèse et surtout, « que la consommation d’aliments dérivés de maïs GM contenant la protéine Cry1Ab est récente et relativement mineure […] l’ingestion de Cry1Ab par des hommes via du maïs GM n’est vraisemblablement pas significative par rapport aux sources conventionnelles et bio » (pour rappel, l’agriculture conventionnelle et bio utilise la bactérie Bacillus thuringiensis en spray sur les cultures, cette bactérie étant celle qui a fourni la protéine Cry1Ab aux entreprises de biotechnologie). Cependant, la grande sensibilité de la toxine aux rayons UV et le fait qu’elle ne pénètre pas dans la plante, font qu’il est très peu vraisemblable, selon Inf’OGM, que cette source puisse conduire à une contamination des consommateurs qui soit significative).
On notera qu’à ce jour, les critiques émises concernent le travail de détection de la protéine Cry1Ab. Les résultats concernant le glyphosate et le glufosinate ainsi que leurs résidus n’ont, eux, pas encore été l’objet de critiques directes.

Les auteurs de l’article, interrogés par Inf’OGM, ont répondu ne pas vouloir s’engager dans un débat public mais annoncent qu’ils répondront aux « scientifiques qui feront la même étude, qui la feront évaluer par des pairs et la feront publier dans un journal international spécialisé. Dès lors, [leurs] réponses seront sous forme de travaux scientifiques approuvés par des pairs ». Inf’OGM ne manquera pas de faire part, le cas échéant, de ces résultats scientifiques publiés.

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