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Chrysomèle : « et si les OGM ne marchent pas, il y a toujours nos insecticides » nous disent les vendeurs d’OGM

Par Christophe NOISETTE

Publié le 11/07/2013

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En 2003, quand Monsanto a proposé aux agriculteurs américains un maïs Bt, génétiquement modifié (GM) pour produire un insecticide contre la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera virgifera) [1], l’engouement a été immédiat. Les agriculteurs se sont précipités sur ces semences GM : ils ne savaient plus comment venir à bout de ce ver parasite du maïs.

En effet, avant 2003, chaque année, ce ver des racines coûtait aux agriculteurs étasuniens un milliard de dollars en perte de rendement ou en mesures de contrôles et à ce titre avait été surnommé « billion-dollar-bug ». L’arrivée des variétés transgéniques a fait que les agriculteurs ont alors arrêté les rotations et les pulvérisations d’insecticides contre ce parasite du Middle West étasunien. Et jusqu’en 2012, la protéine transgénique Cry3Bb1 (maïs MON863) a permis en effet de limiter les dégâts engendrés par ce parasite. Au niveau économique, même si les variétés transgéniques étaient plus chères que les variétés conventionnelles, l’économie réalisée sur les insecticides et le carburant des engins agricoles rendait ces variétés intéressantes. Mais à partir de cette date, l’efficacité des PGM Bt s’est avérée de moins en moins réelle… Les agriculteurs ont dû recommencer à pulvériser des insecticides pour venir à bout de ce parasite. La déception a été grande chez les agriculteurs étasuniens, mais les entreprises, à l’instar de Syngenta, s’en sont réjouies : dans un communiqué de presse, publiée fin mars 2013 [2], Syngenta fait la promotion de son insecticide Force, qu’elle commercialise depuis 25 ans. Syngenta écrit que « les variétés transgéniques Bt ont apporté un moyen pratique et efficace aux agriculteurs pour gérer la chrysomèle du maïs, mais les récents cas de dommages inattendus de la chrysomèle et la difficulté de contrôler ces populations ont montré l’intérêt à appliquer l’insecticide Force dans le Midwestern, peut-être plus que jamais ». Du cynisme commercial décomplexé, comme on en a rarement vu. Et ça marche : les ventes de l’insecticide Force ont triplé au cours du troisième trimestre 2012, indique le site Agrimoney.com [3], alors que les recettes globales d’insecticides ont baissé de 2,1% aux États-Unis.

Dans la lutte acharnée entre entreprises pour dominer le marché, Syngenta a donc utilisé la résistance de la chrysomèle pour tacler son concurrent direct, Monsanto. Manque de chance pour Syngenta, son propre maïs anti-chrysomèle, le maïs Agrisure [4], a été épinglé par des chercheurs quelques mois après, révélant que les chrysomèles étaient aussi résistantes à ce dernier [5].

Au final, si les agriculteurs continuent de cultiver du maïs sur d’immenses surfaces, sans rotation, ils vont se retrouver sans plus aucun moyen de lutte contre la chrysomèle. Les vendeurs de miracle ne mettent pas franchement en avant le fait que les pratiques agronomiques peuvent aussi aider, sans chimie, ni transgenèse, à contenir des populations d’insectes parasitaires…

[1en anglais corn rootworm

[4produisant la protéine insecticide mCry3a

[5d’après des études menées par le professeur Gassmann : http://www.extension.iastate.edu/CropNews/2012/0824gassmannhodgson.html

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